- SITUATION (MORALE DE)
- SITUATION (MORALE DE)SITUATION MORALE DEL’expression «morale de situation» a été lancée, en 1928, par un moraliste protestant, Eberhard Grisebach (1880-1945), dans son livre: Temps présent: une éthique critique (Gegenwart: eine kritische Ethik ). G. A. Rauche a fourni, en 1964, un exposé complet de l’éthique de Grisebach dans son livre: La Philosophie de l’actualité (The Philosophy of Actuality ), où la morale de situation est qualifiée de situationnisme. Pour Grisebach, l’éthique moderne n’admet plus de lois, de règles, de jugements universels; chaque problème moral est unique: sa solution ne peut être qu’individuelle en fonction des circonstances concrètes. De son côté, le penseur luthérien Dietrich Bonhoeffer (1906-1945), dans son ouvrage posthume, Éthique (Ethik , 1949), a soutenu que la question du bien ne se pose et ne trouve sa réponse que dans «chaque situation déterminée et pourtant inachevée, unique et pourtant passagère, au centre de nos liens vivants avec les hommes, les choses, les institutions et les puissances, c’est-à-dire dans notre existence historique».La morale de situation est en réaction contre une morale de principes abstraits, qui paraissent ne devoir s’appliquer absolument que dans des situations idéales, jamais données. En fait, la tradition chrétienne mettait en situation ses principes moraux, mais dans un second temps (après le premier temps de la position des principes), qui était celui de la casuistique; elle juxtaposait l’idéalité du principe et la réalité de l’application. L’existentialisme de Sartre, en recommandant d’inventer la conduite morale à partir de l’exigence de libération et de l’engagement dans des entreprises concrètes a favorisé une éthique de situation.
Encyclopédie Universelle. 2012.